Le cannabis qui se retrouve en Europe a des origines diverses. En effet, nombre de pays ravitaillent les métropoles européennes. En l’occurrence, le Maroc, qui est le premier producteur de cannabis pour l’Europe et l’un des principaux au monde. Sauf que, à la rédaction de cet article, la légalisation du cannabis médical au Maroc fait encore couler beaucoup de salive. Pourquoi ? Parce que nombreux se demandent si ce pays légalisera finalement cette plante pour son usage thérapeutique. D’autant plus qu’un projet de loi est sur la table. Faisons donc le focus sur cette thématique ci-dessous.
Sommaire
ToggleLes premiers pas du projet de loi sur la légalisation du cannabis médical au Maroc
En effet, le débat sur la légalisation du cannabis médical au Maroc est vieux de plusieurs siècles. De fait, il ne date pas d’aujourd’hui. Ce pays, dans ses réflexions relatives à la légalisation de cette plante, avance au même rythme que nombreux autres. Lentement, mais sûrement, comme soutiennent les puristes en procédure !
De fait, ce sujet est généralement classé dans la catégorie des problématiques politiques. La preuve : l’initiative de la légalisation vient des partis. D’une part, en 2013, une proposition est portée par le parti de l’Istiqlal. Celle-ci ne reçoit pas le retour escompté du gouvernement. D’autre part, le Parti authenticité et modernité (PAM) se lance également. À ce sujet, il dépose un projet de loi en 2015. Sauf que, comme certaines langues le prédisaient déjà, la proposition reste lettre morte. Plusieurs redoutent qu’ignorer les projets de loi visant à légaliser le cannabis médical au Maroc devienne une tradition.
Puis, à la grande surprise des uns et des autres, le gouvernement remet le sujet sur la table en début 2020. Cette annonce est faite par Larbi El Mharchi, député du Parti Authenticité et Modernité (PAM). Le Gouvernement l’examine. Mais… se retracte, quelques jours plus tard. Les Marocains désireux de voir le cannabis médical légalisé vivent la désillusion. Le royaume est de retour à la case départ. Dans la rue, les choses se disent !
À la suite de ce rétropédalage, certaines langues soutiennent que le Gouvernement marocain serait hostile à la légalisation du cannabis médical au Maroc. Soudain, une source proche de l’exécutif stoppe net cette rumeur. En démentant toute velléité de légalisation. Sous cet angle, elle précise que ce sujet ne figurerait pas parmi les préoccupations majeures du royaume.
L’espoir s’estompe davantage chez les partisans de légalisation. Mais, en milieu d’année, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) change le cours de la situation. En effet, elle aurait préconisé au Gouvernement de légaliser le cannabis au Maroc. Estimant que, jusque-là, la méthode répressive n’aurait pas fonctionné. Cette recommandation et le fait que l’agence des Nations Unies pour les drogues ait retiré la plante de sa liste des stupéfiants les plus étroitement contrôlés ont joué un grand rôle.
Le projet de loi sur la légalisation du cannabis médical au Maroc
Malgré les multiples péripéties qui ont meublé ce processus, le Maroc pourrait finalement légaliser le cannabis médical. Ceci étant dit, quels sont donc les principaux axes dudit projet ?
- Le projet est strictement circonscrit aux usages médicaux et industriels. C’était prévisible pour certains. Bien que d’autres s’attendaient aussi à la légalisation de l’usage récréatif.
- Une agence de régulation des activités liées au cannabis, l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au chanvre indien, sera créée. À ce sujet, elle aura son siège à Rabat et pourra s’installer dans les régions ou provinces marocaines en fonction des besoins. Sa principale mission sera de déployer la stratégie gouvernementale et s’assurer du respect de la réglementation relative à la culture du cannabis, sa transformation, sa commercialisation, son exportation ou son importation pour des besoins médicaux, pharmaceutiques ou industriels. Par ailleurs, seule elle pourra délivrer ou retirer les autorisations de culture dans le royaume.
- La production sera limitée aux volumes « nécessaires pour l’aspect médical, pharmaceutique et industriel ». Sous cet angle, ladite production ne se fera pas partout ; mais dans des zones bien précises.
- Les agriculteurs agréés de cannabis devront intégrer des coopératives agricoles et ne vendre leur production qu’à des sociétés autorisées.
- Relativement aux autorisations liées à l’import et l’export, chaque demandeur devra disposer d’un lieu de stockage sécurisé et surveillé.
Ils en parlent…
En effet, le projet de loi sur la légalisation du cannabis médical au Maroc fait couler beaucoup de salive. De fait, cela serait certainement dû à ce soudain désir du Gouvernement de légaliser la plante pour son usage médical. Une anguille sous roche ? Allons savoir…
Quoi qu’il en soit, certains se prononcent déjà sur le sujet. Dans cette lancée, nous partageons avec vous quelques avis y afférents.
- Kenza Afsahi, maîtresse de conférence en sociologie à l’Université de Bordeaux et chercheuse au Centre Emile Durkheim, s’exprime.
« Au Maroc, nous avons un gros enjeu de production illégale de cannabis, dans le Rif, où des centaines de milliers de paysans, en tout début de filière, n’en tirent pas suffisamment de bénéfices économiques et sociaux. La prohibition de ces dernières décennies a créé énormément de dommages la marginalisation, la précarité et un climat de peur généralisé à cause des poursuites judiciaires. Elle a aussi stigmatisé le Maroc qui a subi de nombreuses pressions internationales, notamment de l’Europe, pour réduire les surfaces de culture de cannabis alors même que les Protectorats français et espagnol ont joué un rôle dans le développement de cette culture. »
Kenza de renchérir…
« Il y a une urgence, les paysans souffrent d’une dégradation de leur environnement, accentuée par la multiplication des variétés hybrides introduites et celle de nouvelles techniques de culture inadaptées ou mal assimilées ».
Celles-ci ont augmenté la pression sur la terre déjà fragilisée par l’intensification de la culture et l’exploitation de la force de travail, y compris celles des femmes très impliquées dans la culture alors qu’elles n’en tirent pas de revenus directs. Ces variétés plus rentables sur le court terme demandent plus d’entretien, plus d’eau, plus d’engrais, etc. Elles ont également généré un nouveau marché de semences, gratuites auparavant. De surcroît, le contexte politique et économique a changé : le haschich marocain subit une concurrence européenne liée à l’augmentation de la culture domestique, du changement des préférences des consommateurs en faveur de l’herbe, de l’émergence de nouveaux marchés légaux…
- Hassan, s’exprimant auprès du média H24Info est inquiet et s’interroge.
« Serons-nous formés et accompagnés ? L’agence aura-t-elle un monopole et qui nous garantit qu’elle ne sera pas privatisée par la suite ? ».
- Khalid Mouna, anthropologue, chercheur et auteur.
« Certains acteurs n’y trouveront pas leur compte, car selon quelques commentaires de cultivateurs que j’ai déjà reçus, la légalisation va les plonger dans des logiques bureaucratiques et étatiques, présentes dans tous les secteurs d’activité et qu’ils ne maîtrisent pas forcément ».
Il ne reste plus qu’à attendre que le gouvernement fasse le point sur la question, puis valide le projet de loi. Nous vous tenons au jus !
Références
- https://newfrontierdata.com
- https://www.newsweed.fr
- https://www.reuters.com
- https://www.moroccoworldnews.com
Rédacteur en chef spécialisé en CBD
Julien, né le 17 juillet 1978 en région Parisienne, est un éminent rédacteur et expert dans le domaine des produits à base de CBD. Suite à ses études, Julien a développé une passion pour les remèdes naturels, dont le CBD. En 2022, il intègre l’équipe du site CBD.fr en qualité d’expert et de contributeur régulier. Grâce à son expertise scientifique et une écriture claire, Julien aide à démystifier les aspects complexes du CBD, tout en mettant en lumière ses bienfaits et applications potentielles à travers ses articles et participations à des conférences.